Nathan ▬ Wolf among us

Nathan est ce qu'on appelle un hyperactif, c'est à dire qu'il est continuellement à la recherche d'une occupation quelconque. Il ne peut pas tenir en place, et lorsqu'il ne peut pas bouger, il faut qu'il se transforme en pénible moulin à paroles. Ce n'est pas vraiment de sa faute, c'est maladif, il ne se contrôle pas. Malgré tout, avec l'âge, il a appris à canaliser sa grande énergie grâce au sport. Devenir un lycan n'a pas arrangé les choses, évidemment. Imaginez être capable de tout sentir, entendre, voir, mieux qu'un humain. Et rajoutez cela à une hyperactivité déjà bien présente. Il y a de quoi devenir fou son entourage tout autant que soi-même. C'est en faisant d'énormes efforts personnels que Nathan s'est rééquilibré et peut se permettre d'avoir une vie normale avec des amis et des rêves d'avenir. Aux yeux de tous, il est le cancre de la classe (malgré sa très grande intelligence qui n'est plus à démontrer), le clown du groupe, il a toujours le sourire et semble ne jamais perdre espoir. Cela vient sans-doute de leur ignorance plus qu'autre chose, puisque Nathan est particulièrement sujet à l'angoisse, aux cauchemars et aux crises de panique. La solitude peut le rendre particulièrement malade et son optimisme est tellement important que personne ne pense jamais à lui demander comment LUI il va. Néanmoins, c'est un garçon particulièrement adorable qui n'arrive tout simplement à ressentir de la rancœur envers son entourage. Il préfère oublier et tourner la page, peu importe ce qu'on peut lui faire. En revanche...vaut mieux ne pas faire de mal aux gens qu'il aime, car il ne pourrait pas le pardonner. Jamais.

Je suis né à Mystic Falls, j'y ai toujours plus ou moins vécu, je ne connais pas le reste du monde. En fait je ne sais même pas ce qui existe au delà du panneau " vous quittez la ville " sur le bord de la route. Mes parents m'ont toujours interdit de passer la frontière et je n'ai jamais vraiment osé demander pourquoi. Ma mère et mon père tiennent une boutique de fringues pas loin du Grill et je vais les y aider tous les soirs après les cours, quand je ne sèche pas. Bien sûr ils ont essayé de m'en dissuader, de me punir, de me gronder, mais ils ont fini par baisser les bras en comprenant que plus on m'y forcerait et moins j'irais. Nous avons une sorte d'arrangement entre nous : je gère mon emploi du temps, à condition de les aider et de garder de bonnes notes aux examens. Pour le moment, il faut croire que je m'en tire bien. Malheureusement, il n'en a pas toujours été ainsi.

Il y a eu une époque où j'étais vraiment un petit con qui ne respectait rien. L'hyperactivité me rendait fou, presque violent, car je n'avais aucun autre moyen de me défouler. Mon père nous avait mis en garde mon frère jumeau et moi à propos de la malédiction de la famille, mais nous pensions que ce n'était que des histoires pour nous faire peur. Un soir, Cory et moi sommes sortis par la fenêtre et avons rejoins des amis dans une rue. La jeunesse nous donnait l'impression d'être au dessus de tout et l'adrénaline de la désobéissance réchauffait nos veines. Nous n'étions que des mômes de dix ans qui voulaient se prendre pour des grands. L'un de nous avait volé l'arme de son père qui travaillait au bureau du shérif. Nous voulions jouer au cowboy et aux indiens. La sécurité est partie en chahutant et le coup est parti tout seul. A ce moment là, j'étais le cowboy, parce que j'étais le seul à vouloir courir après les autres.

Quand j'ai vu Cory tomber au sol dans une flaque de sang, mes doigts se sont lentement desserrés et l'arme a fait un bruit mat en rencontrant le bitume. Les lumières dans les maisons aux alentours s'étaient éclairées et des gens, nos voisins, hurlaient dans tous les sens. C'est ainsi que la malédiction s'est activée en moi. Je n'étais qu'un petit garçon lorsque les transformations ont commencées. J'ai du apprendre à supporter la douleur et aujourd'hui encore je crois mourir à chaque fois que mes os se brisent lors de la pleine lune. Ce terrible fardeau qui m'encombre, c'est un souvenir qui ne me quittera jamais. Un souvenir de ce soir-là où, par maladresse, j'ai privé mon frère jumeau des plus belles années de sa vie. Adolescent, je croyais que je pourrais sourire pour deux, jouer pour deux, me nourrir pour deux. C'est probablement ça qui m'a rendu si prompt à la bonne humeur. Je continue à penser que Cory mérite que je me lève chaque matin avec le sourire, mais ce n'est pas aussi simple. Le soir où il est mort, une noirceur a embaumé mon coeur et n'est jamais partie depuis.

Heureusement, j'ai rencontré Dylan. C'est un vampire et nos rapports ont été d'abord...tumultueux. Une simple morsure de ma part pourrait le tuer et je ne possède pas son immortalité, mais quelque chose nous rapproche comme deux aimants. Je ne savais pas que j'aimais les hommes avant de le rencontrer et parfois je doute de ses sentiments à mon égards, comme il est d'humeur si changeante. Cependant, je sais que notre relation n'est pas un mensonge et que c'est actuellement la seule chose qui m'empêche de me souvenir de ce que j'ai fait, de qui j'étais, de ce qui a fait de moi le monstre velu que je suis à chaque pleine lune.